Les idées me viennent plus facilement le long du canal ; présenter des images calmes, voire conventionnelles, me semble du coup évident.

Ainsi, j'envisage d'introduire des vases de fleurs classiques, un peu 40, (tel celui peint par Ga Kook Hyun, blanc sur fond noir, devant lequel je m'arrête rue Quincampoix depuis six mois) : pour cela, il me faut travailler à l'aquarelle ou sur fond préalablement encré pour un effet nocturne (merci Cécile), et persévérer toujours et encore avec la cruelle technique du lavis.

Les portraits à l'encre rouge et noire traduisent eux aussi une ambiance particulière, en évoquant l'éclairage chancelant produit par une flamme la nuit.
Les croquis saisis sur le vif lors de vacances d'été, tel ce chien handicapé du PMU de Narbonne produisent le même effet familier mais inquiétant. Ils sont le contrepoint des portraits à tête de chiens(idem pour les images d'adolescence et les corps incendiés).

Une perspective sur l'eau, vue depuis le pont lorsque le train passe, me vient à l'esprit, mais de façon trop évidente.

Introduire une image dérangeante (telles les aquarelles d'Abou Ghraïb) au milieu de représentations plus lisses m'apparaît nécessaire pour réveiller le dispositif (Désordres ; bref). Les représentations banales mais troubles évolueraient doucement vers d'autres plus tragiques, tel un rêve qui tournerait au vinaigre.

Les histoires racontées l'autre soir, notamment celles concernant la disparition précoce de personnes connues il y a vingt ans, m'ont troublé. Rentrant chez moi par un chemin non éclairé, je suis suivi par une mère et son fils, avec qui nous échangeons quelques mots avant qu'elles ne dévient. A ce moment, j'entends un chien que je reconnais comme loup grogner dans l'obscurité. Il est rejoint par un deuxième, et ce que je pressens comme un banal combat se retourne contre ma personne : avant que je n'ai eu le temps de comprendre, l'un d'eux me saute au visage, me saisissant la gorge. Je me réveille à cet instant.

Courir, maintenant

Partager cet article